Mises en musique de Théophile Gautier de 1945 à nos jours

Mises en musique de Théophile Gautier de 1945 à nos jours

- Olga NAZAYKINSKAYA (1962) : Le Pot de fleurs (2011) (2)

- Dorothy GUYVER BRITTON, Lady BOUCHIER (1922) : Chinoiserie, extrait 1 de Chinoiserie - Histoire d'un amour oriental, pour voix et quatuor à cordes (1991) (3)

 

- Xavier BOUCHAUD (1987) : L'Oiseau captif (2012)** (le 28/11 seulement)

 

- Guy MORANÇON (1927) : Nuage (1945) (3)

 

- Serge GUT (1927-2014) : Barcarolle (1954) ; Plaintive tourterelle (1955) ; Papillons (1955)  (2)

 

- Jean-Marc DÉHAN (1929-2009) : La Colombe (1989) (1) (le 25/11 seulement)

 

- Germain DESBONNET (1938-2007) : La Dernière Feuille (1978) (1) (le 25/11 seulement)

 

- Emile NAOUMOFF (1962) : La Dernière Feuille (ca. 2007) (3)

 

- Virgilio MORTARI (1902-1993) : Variations sur "Le carnaval de Venise" : Dans la rue ; Sur les lagunes ; Carnaval ; Clair de lune sentimental (1943, publ. 1945) (2)

 

- Brian WRIGHT : Les Matelots, extrait des Mélodies pour Colette pour voix et luth (2004) (2) *

 

- Arminio ENRICHI : Nativité op. 58 n°3 (1962) (2) *

 

- Pierrette MARI (1929) : Noël (1956) (2)

 

- David W. SOLOMONS (1953) : Noël (traduction anglaise de S.N. Solomons), duo (1995) (1 & 2) *

 

- Colette MOUREY (1954) : Fumée (2011) (1) *

 

- Jeff SMALLMAN (1965) : Les Rôdeurs de nuit (2003) (2)

 

- Stéphane GASSOT (1987) : Albertus CX (2013) (3)

 

- Patrick BURGAN (1960) : Le Spectre de la rose (1995) (3)

 

- Philippe HERSANT (1948) : Lamento, duo (1998) (2 & 3)

 

- Rolande FALCINELLI (1920-2006) : Affinités secrètes op.49 (1973) (1)

 

- Ivan DEVRIÈS (1909-1997) : Lied ("Mon sein de neige") (1984) (2)

 

 

 

Alice FAGARD, mezzo-soprano (1)

Marie SOUBESTRE, soprano (2)

L'OISELEUR DES LONGCHAMPS, baryton (3)

François HENRY, piano

Clotilde BERNARD, guitare *

Xavier BOUCHAUD, piano **

Théophile Gautier (1811-1872) fut l'initiateur d'un courant esthétique littéraire et artistique singulier en son temps, puisqu'il s'opposa à la vision humaniste et moralisante de l'art incarnée par Victor Hugo et les romantiques en général, au profit une conception plus hédoniste, à l'écart des grands enjeux sociaux de son époque. Il crée en ce sens le mouvement de l'Art pour l'Art. On ne mesurera jamais suffisamment l'importance historique de l'auteur du Roman de la Momie et du Capitaine Fracasse, puisque de sa poétique découleront d'une part les Fleurs du mal de Baudelaire, qui lui sont dédiées, mais aussi le mouvement des Parnassiens, adeptes d'un culte à la Beauté pure, et illustré par des personnalités telles Leconte de Lisle ou Mallarmé.

 

Parmi les thématiques abordées par notre poète, on trouve en premier lieu l'éloge à la Beauté, celle de la Femme ou de la Nature, le recours à une poétique descriptive, avec un usage constant de la métaphore, et à l'association libre de pensée. On trouve aussi, notamment dans sa Comédie de la Mort, ou le long poème Albertus - sorte de grande fresque macabre -, des évocations de laideur dans un réalisme saisissant, ou encore un penchant pour l'érotisme, le tout souvent émaillé d'un humour à l'image de la personnalité truculente et alerte qui fut la sienne.

Gautier fut l'un des premiers poètes à avoir sollicité des musiciens, certains de ses poèmes ayant paru d'abord sous forme de mélodie avant d'être publiés en tant que tels, ainsi pour les Matelots ou l'Ondine et le pêcheur. Les musiciens avec lesquels il collabora sont pour la plupart quelque peu oubliés de jours ; on y trouve ainsi Xavier Boisselot, François Bazin (tous deux premiers grands prix de Rome), Hippolyte Monpou (véritable phénomène de mode de l'époque), Allyre Bureau ou Meyerbeer (quant à lui passé à la postérité).

Ses poèmes ne cessèrent par ailleurs d'inspirer divers musiciens, faisant de Gautier le poète le plus mis en musique au XIXème siècle avec Victor Hugo (et Musset dans une moindre mesure), avec en première ligne Berlioz, avec ses Nuits d'été qui marquent peut-être le premier chef d'œuvre en matière de mélodie française - éclatant le cadre de la romance qui était alors de mise -, Gounod, puis Fauré, Chausson, Duparc, Dukas, Debussy, parmi beaucoup d'autres...

Dans ses poèmes, d'aspect très plastique et presque "pictural" souvent, il se montre un adepte de la précision avant toute chose - lorsque Verlaine cherchera quant à lui du côté de la finesse psychologique ou des pensées insondables de l'âme -, et ils se prêtent pour cela à merveille à l'apport musical.

En outre, Gautier écrit lui-même des poèmes sur des musiques préexistantes comme l'Ave Maria de Schubert.

Il fut ensuite quelque peu délaissé au XXème siècle, et surtout depuis l'après-seconde guerre, les compositeurs n'y trouvant sans doute plus écho à leurs recherches esthétiques. Il continua cependant d'inspirer périodiquement certains musiciens aux tendances diverses, dont le jeune Boulez (qui met en musique Le Pot de fleurs en 1942). On trouve notamment un Klavierstück pour piano d'Eckehard Kiem, qui transpose dans un langage contemporain la fascination du compositeur allemand pour le cisèlement, tel celui de pierres précieuses, des pièces poétiques de notre écrivain, citant le titre de son principal recueil poétique : Emaux et camées.

Nous présenterons dans ce concert des œuvres uniquement composées ou parues à partir de 1945, recourant à une grande diversité de langages et de styles, avec des mélodies ou duos signés Ivan Devriès (arrière petit-fils de Gautier et premier "metteur en ondes" à Radio-France), Rolande Falcinelli (illustre professeur d'orgue au Conservatoire ayant succédé à Marcel Dupré), les organistes Guy Morançon et Germain Desbonnet, les musicologues Serge Gut et Pierrette Mari, les compositeurs contemporains Philippe Hersant, Colette Mourey (inventrice du concept d'"hypertonalité"), ou Patrick Burgan, particulièrement sensible aux problématiques de la transposition littéraire en musique, le très discret Jean-Marc Déhan, un représentant de la jeune génération avec Stéphane Gassot, mais aussi des compositeurs de nationalités étrangères, tels la compositrice japonaise Dorothy Britton (élève de Darius Milhaud, et par ailleurs poétesse et traductrice), le luthiste anglais Brian Wright, les compositeurs italiens Arminio Enrichi et Virgilio Mortari (co-auteur du traité d'orchestration de Casella), ou encore Olga Nazaykinskaya et Émile Naoumoff, natifs de Russie, le jeune canadien Jeff Smallman, ou le britannique Solomons, qui nous donne une version traduite anglaise de Noël, le poème le plus mis en musique du poète. Afin de diversifier le climat sonore, le programme sera tantôt accompagné au piano, tantôt à la guitare.

Nous vous souhaitons un agréable voyage poético-musical, parsemé de surprises et de découvertes !

 

Les interprètes :


Marie Soubestre est née dans un univers artistique. Sa mère guitariste et son père comédien lui transmettent ces deux passions entre lesquelles l'art lyrique ne lui demandera pas de choisir. Elle commence le chant dès onze ans et obtient en 2009 son DEM au CRR de Saint-Maur-les-fossés. Elle vient d'achever ses études au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris (CNSMDP).

 

Au cours des cinq années qu'elle a passées dans la classe de Glenn Chambers, elle a aussi reçu les conseils de Jeff Cohen, Anne Le Bozec ou encore Vincent Vittoz.

Son amour des langues (elle parle français, espagnol et anglais et a étudié le russe, l'italien et l'allemand) ainsi que son goût prononcé pour la musique contemporaine, la portent vers un répertoire toujours plus vaste. À l'IRCAM, elle crée Le Patois de la reine une pièce électroacoustique de Januibe Tejera. Le jeune ensemble de musique contemporaine Maja est avec elle lauréat du concours de la FNAPEC en 2014 avec une pièce d'Ivan Fedele. L'ensemble Regards fait aussi appel à elle, notamment pour la Sequenza IIII de Berio, qu'elle chantera en novembre 2014.

Cet attrait pour les musiques actuelles ne l'éloigne pas du répertoire d'opéra. En 2013, elle incarne la prostituée dans Reigen de Philippe Boesmans (mise en scène de Marguerite Borie et direction de Tito Ceccherini) à la Cité de la Musique, tout en étant un an plus tôt Sandrina dans la Finta Giardiniera de Mozart (mise en scène d'Emmanuelle Cordoliani et sous la direction musicale de Yann Molenat). En août 2014, elle est finaliste du concours international de Marmande, catégorie opéra. On l'entendra prochainement dans le spectacle Ça fait peur aux oiseaux, dans un répertoire essentiellement lyrique.

Marie Soubestre s'est aussi engagée dans plusieurs projets originaux : Sol y Sombra, une rencontre entre la musique classique et flamenca autour de la guitare et du chant prend ainsi forme en 2011 ; elle donne plusieurs récitals autour du cabaret berlinois des années 30 ; au Théâtre du Châtelet, elle se prête au jeu des soirées de l'improbable de Jean-François Zygel et parmi ses projets figure la création en novembre 2014 de Nous ne sommes que bouches, un spectacle conçu par la metteuse en scène Dorothée Daffy, et avec la collaboration musicale de Greg Beller.

 

Alice Fagard se forme en chant dès 2001 dans la classe de Daniel Delarue, au Conservatoire Régional d’Aubervilliers-La Courneuve. Après des études de musicologie et de littérature allemande entre le lycée Fénelon, la Sorbonne et l’École Normale Supérieure (Ulm), une agrégation d’allemand, et un an à la Friederich-Schiller-Universität de Jena, elle choisit de se consacrer au chant et intègre le Pôle Sup’93 (Pôle d’Enseignement Supérieur de la Musique), formation qu’elle termine en juin 2013. Elle a également suivi des master classes avec Natalie Dessay, Christiane Oelze, Felicity Lott ou Ruggero Raimondi. Ses préférences vont à l’univers du lied et de l’opéra allemand, mais elle aime diversifier son répertoire, ainsi que les rencontres musicales et scéniques. Son timbre de soprano central au large médium lui permet d’aborder régulièrement des parties de mezzo-soprano.

On la retrouve dans le rôle de Mère Marie de l’Incarnation dans Les Dialogues des Carmélites de Poulenc (Aubervilliers, théâtre Renaudie, 2011), dans La voix humaine de Poulenc (2013), dans un projet scénique autour des Kafka-Fragmente de György Kurtag, avec violon et danse (Aubervilliers, Théâtre de la Commune, 2012),  ou encore comme chanteuse-récitante dans le Pierrot lunaire de Schönberg (Rosny-sous-Bois, direction Jean Roudon), œuvre qu'elle reprend en 2014 dans le cadre d’un documentaire filmé sur Schönberg et le travail de l’interprète, et comme interprète d'Anna 1 dans le spectacle Les sept péchés capitaux de Kurt Weill, dont elle coordonne la création avec la comédienne Jutta Wernicke.

Elle aime également toucher au répertoire baroque, notamment avec l’ensemble vocal Canto Allegre depuis 2003, ou avec Les Cantates sous la direction artistique de Freddy Eichelberger.

Eprouvant un vif intérêt pour la musique contemporaine, elle interprète la pièce en trio temA de Helmut Lachenmann pour le festival « Présences » 2014, participe à l’académie franco-allemande Opus XXI, crée la pièce pour soprano et ensemble El Crimen fue en Granada, de Sirah Martinez, au festival d’opéra de Bregenz sous la direction de Claire Levacher, et chante dans un opéra contemporain pour enfants (Das neue Rotkäppchen) à la Tischlerei du Deutsche Oper à Berlin.

En mars 2015, elle sera la Troisième dame dans La Flûte enchantée avec La Fabrique opéra Grenoble sous la direction de Patrick Souillot, et en juin 2015 chantera des scènes de Peer Gynt avec l’Orchestre de Chambre de Paris à la Cité de la Musique.

Après l’apprentissage de la guitare et de la flûte traversière, l’Oiseleur des Longchamps (c’est son vrai nom) étudie le registre d’alto masculin dans lequel il chante pendant huit ans (lauréat du concours international de chant de Barcelone) avant  d’aborder finalement son registre de baryton, avec la soprano Aneta Pavalache. Il est rapidement engagé dans les rôles mozartiens : Papageno, Almaviva, don Giovanni, Guglielmo. Il chantera ensuite les grands rôles de baryton, de Monteverdi à Britten, dans les théâtres d’Europe et d’Amérique du Nord, ainsi que le répertoire de concert et le répertoire sacré. Il a créé de nombreuses pièces contemporaines, dont la Symphonie N°1 avec baryton solo d’Olivier Greif. Il développe une grande activité de récitaliste, avec des programmes uniques et originaux à thème : le cheval, la rose, la lune, les oiseaux, la neige, le chêne, l’Orient, Venise, le parfum, la berceuse, la valse chantée, le romantisme médiéval … et des concerts consacrés aux poètes mis en musique : Alfred de Musset, Albert Samain, Anna de Noailles, Henri de Régnier…

Il a également mis en scène des opéras, des pièces de théâtre et réalisé des courts-métrages. Il est également photographe portraitiste et il a entrepris depuis l’an 2000 un important travail photographique sur la mythologie archaïque grecque : "Variations mythologiques".

Il a enregistré un disque chez Hybrid Music : "Chevauchées lyriques". A l’automne sortiront chez Passavant Music deux disques consacrés l’un à Widor-Hugo et l’autre à Armande de Polignac.

En projet : « Nausicaa » de Reynaldo Hahn, « Galatée » de Victor Massé, « Le Silence de la mer » de Henry Tomasi, et deux spectacles musico-équestres : « les Chevauchées Lyriques » et « la Flûte Enchantée à cheval ».

(site internet : www.loiseleurdeslongchamps.com)

 

François Henry, après s’être adonné à d’autres passions, se destine au piano à l’âge de 13 ans. Il effectue ses études au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris, où il obtient le Diplôme de Formation Supérieure de piano, ainsi que des prix en analyse, harmonie et contrepoint. Il y poursuit actuellement sa formation au CNSMDP en cursus de masters d’accompagnement au piano et d’accompagnement vocal.

Lauréat de différents concours (1° prix à l'unanimité au concours international d’Ile de France en 2005, prix d'honneur au concours européen de Picardie en 2004...), il s’adonne à la préparation de récitals, tant comme soliste que comme chambriste (Scots Kirk, Cathédrale Américaine à Paris, Moulin d’Andé, résidence de France à Djeddah…).

Il consacre une partie de sa mission d'interprète à la redécouverte de partitions méconnues, et s’est par ailleurs développé une affinité pour la pratique du pianoforte et d'instruments historiques, ayant à ce titre acquis six pianos du XIXème siècle.

Il exerce parallèlement une activité d’enseignement de son instrument, ce moment d’ « échange » réciproque lui paraissant capital pour nourrir sa pratique personnelle.

(site internet : www.francoishenry.fr)

 

Née dans une famille de mélomanes, Clotilde Bernard fut séduite dès l'enfance par la musique. Elle commence dès 8 ans son apprentissage de la guitare classique, pour laquelle elle se forme au Conservatoire régional d'Annecy. Après des projets scientifiques, elle se lance dans la voix musicale professionnelle et aborde avec un égal enthousiasme la guitare et la musicologie, bénéficiant d'une formation complète en instrument, musique de chambre, formation musicale, analyse et histoire de la musique au Conservatoire. Elle entre au conservatoire de Créteil en 2008 et y obtient deux ans plus tard sa médaille d'or de guitare avec mention TB à l'unanimité, son Diplôme d’Études Musicales (DEM) d'analyse et son DEM d'histoire de la musique. Elle intègre ensuite le Conservatoire régional de Paris (guitare) et le Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris (musicologie). Elle étudie la guitare auprès d'Arnaud Dumond, Gérard Verba, Eric Franceries, ou encore auprès d'Alberto Ponce, Roland Dyens, Olivier Pelmoine lors de stages.

 

Elle donne des concerts seule, ou avec le duo Alegria (musique espagnole), le duo Nausicaa (chant lyrique et guitare, autour de la musique de John Dowland), et avec son groupe Sol y Sombra (rencontre entre classique et flamenco, avec guitares, chants et danse), abordant ainsi un répertoire très large et varié.

Clotilde enseigne la guitare au centre social Annam, à Paris, après avoir professé à l'école de musique de Gournay-sur-Marne.

 

15€ - étudiants de moins de 25 ans, avec une carte: 10€

Réservation 01 46 33 48 65

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